
C’est suite à certains évènements malheureux survenus au niveau de Yarakinnin-Yéboubéri que Feu El Hadj Alpha Orou, qui était le représentant départemental de Union Islamique Nationale du Bénin a sollicité l’Agence des Musulmans d’Afrique-AMA (DIRECT Aid)pour qu’ils puissent intervenir à Parakou. Feu Alpha Orou s’était fait appuyer dans les démarches par Feu Abdoulaye Alidou, administrateur civil et ancien économe du Centre Hospitalier Départemental du Borgou. Feu Abdoulaye Alidou était secrétaire général départemental de l’Union Islamique du Bénin à l’époque. Il en est devenu le président départemental par la suite. C’est l’Agence des Musulmans d’Afrique qui a créé Al Houda. Le centre est situé à Zongo à Parakou.
L’Agence des Musulmans d’Afrique est une Organisation Non Gouvernementale (ONG), à caractère humanitaire créée en 1981 par un groupe de cadres volontaires Koweitiens et dont le siège se trouve naturellement au Koweit. Cette organisation est présente dans 36 pays en Afrique.
L’objectif principal pour l’agence est de contribuer au développement socio-économique du pays d’accueil par la création de centres socio-éducatifs, comprenant : des écoles basées sur le programme étatique, des dispensaires, des orphelinats, des centres de formation professionnelle, la construction des écoles pour apprendre l’arabe, la construction de mosquées, l’organisation des caravanes médicales, forage de puits, assistance aux villages sinistrés.
L’Agence des Musulmans d’Afrique a commencé à intervenir au Bénin depuis 1992, mais ces interventions n’étaient que dans quelques projets, comme la construction de mosquées, le forage de puits et la distribution d’assistances. Mais le 04/02/1997, un accord de coopération bilatérale a été signé officiellement entre l’Agence des Musulmans d’Afrique et le gouvernement béninois, représenté par le Ministre des Affaires étrangères et de la coopération, date de lancement réel pour l’agence.
L’agence s’intéresse au développement social dans toutes les zones rurales sinistrées pour l’intérêt général de la population sans distinction religieuse ou tribale. Elle œuvre dans le cadre de la coordination pour le renforcement des actions de développement social avec les institutions du gouvernement et ONG qui exercent les mêmes activités au Bénin. L’agence est présente dans huit localités au Bénin. Mais les centres ne s’appellent pas tous Al Houda comme à Parakou. Notons que Al Houda signifie le chemin en arabe.
Quand Feu Alpha Orou a sollicité l’agence pour la mise en place du centre Al Houda, leur première action a été la construction de la grande mosquée de Zongo à Parakou. Auparavant, il y avait à cet endroit un terrain de football et tout autour c’était de la brousse. Mais il y avait également une petite mosquée blanche construite par les Haoussas et les Zermas qui habitaient dans la zone. Après la construction de la grande mosquée, l’ONG, dans une vision de compassion appuyée par un élan de générosité prit la noble mission de créer un orphelinat pour venir en aide aux enfants démunis. Les enfants sont accueillis sans distinction religieuse et ethnique et ils viennent de partout : Sakété, Porto-Novo, Cotonou, Kandi, Parakou etc. Cependant, l’AMA ne s’est pas contentée de fournir un toit et des repas aux orphelins. Conscients que l’éducation est la clé pour ouvrir les portes d’un avenir prometteur, ils ont décidé de bâtir une école au sein du centre.
L’école primaire a ouvert ses portes au cours de l’année scolaire 1998-1999 avec 280 élèves dont 74 orphelins. Les enfants orphelins sont nourris, logés, soignés, habillés et bénéficient de la gratuité des frais de scolarité tout au long de leur cursus. L’internat de l’orphelinat est ouvert uniquement aux garçons. Les filles orphelines sont prises en charge au même titre que les garçons, mais elles ne dorment pas au centre. En dehors des orphelins de Al Houda, il y a également des enfants qui viennent d’ailleurs pour s’inscrire dans l’école du centre Al houda à titre payant.
L’engagement de l’agence envers l’éducation des enfants transcendait les simples infrastructures et nécessitait une expertise pédagogique de premier plan. En effet, pour l’agence, il ne suffisait pas seulement de donner des cours aux enfants. Mais ils voulaient un enseignement de qualité. C’est pourquoi ils firent appel au conseiller pédagogique Halidou Salami.
Alors qu’il venait de prendre sa retraite le 1er Octobre 2000 après trente ans de bons et loyaux service, le conseiller pédagogique Halidou Salami reconnu pour son savoir-faire exceptionnel et son dévouement envers l’éducation reçut un courrier l’invitant à être directeur du primaire afin de partager son expertise aux enseignants du centre Al Houda. Cette proposition inattendue résonnait comme un ultime hommage à sa carrière, une reconnaissance de ses compétences inégalées.
Malgré ses projets de retraite soigneusement élaborés, la lettre reçue a ravivé en lui sa passion de transmettre son savoir-faire. À l’époque de Salami Halidou, les conseillers pédagogiques étaient étroitement associés aux inspecteurs dans la supervision et le soutien des pratiques pédagogiques au sein des établissements scolaires, jouant un rôle d’adjoints directs aux inspecteurs. Ce qui lui a permis d’acquérir une expertise avérée en la matière. On parlait de circonscription scolaire (CS). Le chef s’appelait CCS Chef de Circonscription Scolaire.
Dès sa prise de fonction, le conseiller pédagogique Halidou Salami a organisé des sessions de formation pédagogiques sur la gestion de classes efficaces, en fournissant des techniques et des stratégies pour créer un environnement d’apprentissage positif. Comme il l’a longtemps pratiqué ailleurs avec succès, il a aidé les enseignants du centre Al Houda à repenser leurs pratiques d’évaluation, en mettant l’accent sur des méthodes d’évaluation authentiques qui permettent de mesurer de manière précise la compréhension des élèves. Pour mieux se faire comprendre, il n’hésitait pas lors de ses formations à donner aux enseignants des techniques d’enseignement différencié les incitant à adapter leur approche pédagogique pour répondre aux besoins individuels et aux styles d’apprentissage variés de leurs élèves. Il encourageait la collaboration entre les enseignants et il facilitait le développement continu en organisant des séances de partage de bonnes pratiques, des ateliers de réflexion et des groupes de discussion sur les défis rencontrés dans l’enseignement primaire et il leur expliquait les solutions appropriées.
Son insistance résolue reposait sur une vision plus vaste qui était de doter les enseignants des compétences et des qualifications nécessaires pour exceller dans leur métier où qu’ils choisissent de l’exercer.
De façon remarquable, sous la tutelle du conseiller pédagogique, les enseignants qu’il a formés ont obtenu leur Certificat Elémentaire d’Aptitude Pédagogique (CEAP) et ont continué par exercer après même leur départ du centre Al Houda.
Une fois admis au Certificat d’Etudes Elémentaires (CEPE), le Centre Al Houda inscrivait les orphelins au CEG Zongo et supportait toutes les charges. C’est le directeur Halidou Salami qui allait verser les frais de scolarité
Environ trois ans après sa prise de fonction, un jour du retour du paiement des frais de scolarité, Salami proposa au directeur du centre Monsieur la création d’un collège. Cette proposition plut au directeur qui porta la suggestion à l’attention de sa hiérarchie qui donna son accord. Le directeur du centre confia à Salami la tâche de mener toutes les actions pour la création du collège. Le conseiller pédagogique fut appuyé dans les démarches administratives par l’ancien proviseur du Lycée Mathieu Bouké, l’expérimenté Babio Ayouba.
Alors que la construction du collège du centre Al Houda touchait à sa fin, des conflits émergèrent entre le directeur et le censeur du collège Ben Rachid situé non loin du stade municipal de Parakou. L’ancien proviseur du Lycée Mathieu Bouké fut dépêché à Ben Rachid pour y assumer le rôle de directeur. Le censeur de Ben Rachid Monsieur Dramane Aboubakar fut envoyé au centre Al Houda où il reprit sa fonction de censeur. Monsieur Ibrahim M. avait été choisi pour être le directeur du collège. Bouraima Abdoul Mélias, professeur d’anglais fut également directeur du collège Al Houda.
Après l’obtention de leur BEPC, le centre inscrivait les élèves orphelins dans des établissements qui disposaient du second cycle et payait les frais de scolarité. Mais l’importance d’offrir aux enfants la continuité dans leur éducation au sein du même établissement où ils bénéficient déjà d’un environnement familial et de qualité a amené l’administration a entamé des discussions dans ce sens avec les enseignants et les parents d’élèves. Tous étaient unanimes sur l’importance de créer un second cycle. Les premières étapes ont impliqué la planification minutieuse des programmes d’études, des installations nécessaires et du personnel enseignant. Ainsi après avoir établi avec succès le premier cycle, le second cycle a été créé. Le centre Al Houda a veillé à ce que le curriculum du second cycle soit rigoureux et complet, offrant aux élèves une base solide pour poursuivre leurs études supérieures et réussir dans leur vie future.
Le centre Al Houda qui occupe une superficie de près de deux hectares offre un environnement propice au développement physique et social des enfants. En effet le centre dispose des aires de jeux aménagées et équipées, ainsi que de toutes les installations nécessaires pour la pratique du sport. Ces infrastructures visent à encourager l’activité physique, le jeu et la socialisation parmi les enfants, favorisant ainsi leur épanouissement global au sein du centre Al Houda.
Le centre socio-éducatif Al Houda dispose également d’une salle informatique parfaitement équipée offrant aux élèves un accès aux outils technologiques modernes. Cette infrastructure informatique de qualité contribue à préparer les enfants du centre aux défis du monde moderne et à favoriser leur réussite académique et professionnelle future.
C’est le centre Al Houda qui assume la charge des frais médicaux des enfants orphelins qu’il accueille. Pour cela, ils avaient des partenariats avec des hôpitaux où ils envoyaient les enfants se faire soigner. Mais la nécessité d’assurer un accès facile et rapide aux soins médicaux pour les enfants résidant au centre avec la volonté de garantir le bien-être et la santé des enfants en veillant à ce qu’ils bénéficient d’une prise en charge médicale complète et adaptée à leurs besoins a poussé les responsables à créer un centre de santé moderne au sein de l’établissement. Le centre de santé est ouvert au public avec des prix abordables.
Parmi les responsables qui ont eu à diriger le centre de santé nous pouvons citer le colonel Militaire Assa et le radiologue Alidou.
L’Agence des Musulmans d’Afrique se préoccupe de la femme qu’elle considère comme pilier de la société et de la nation. L’agence a illustré son engagement envers l’épanouissement des femmes en mettant en place à Al Houda dès sa création, un centre de formation professionnelle. Cette initiative offre aux femmes de la communauté une opportunité d’acquérir des compétences professionnelles et techniques, ainsi que des connaissances pratiques dans divers domaines tels que la couture, la broderie, l’artisanat. L’agence associe aussi des programmes de formation en entrepreneuriat et en gestion d’entreprise. En investissant dans l’autonomisation des femmes à travers l’éducation et la formation professionnelle depuis plus de 25 ans, le centre Al Houda contribue à renforcer leur rôle dans la société et à favoriser leur épanouissement personnel et économique.
Les responsables de l’Agence des Musulmans d’Afrique se sont révélés être de véritables bienfaiteurs, capables de surprendre par leur générosité.
C’est ainsi qu’un jour, un émissaire fut envoyé avec pour seul objectif de financer entièrement le mariage d’une personne choisie par le centre. Le choix fut porté sur monsieur R., originaire de Bassila, un des surveillants généraux, un jeune homme honorable et méritant. Raïmi fut rapidement informé et on fit venir sa fiancée pour les préparatifs du mariage.
Le jour tant attendu arriva, et la cérémonie se déroula avec joie et allégresse.
La présence de la communauté du centre Al Houda témoignait de son soutien et de son bonheur pour le couple nouvellement uni.
Cependant, la surprise ne s’arrêta pas là. En effet, après le mariage, le centre offrit à la nouvelle mariée un poste d’institutrice au sein de l’établissement.
Un autre jour, les responsables de l’Agence des Musulmans d’Afrique ont pris une décision bienveillante et proactive qui a été d’offrir des motos aux travailleurs du centre qui n’en avaient pas avec des conditions de paiement très accommodantes, offrant ainsi une nouvelle perspective de mobilité et d’autonomie aux bénéficiaires.
Les responsables de l’AMA offrent régulièrement des bourses de pèlerinage à la Mecque, ainsi que des bourses d’études à l’étranger.
La générosité du centre Al Houda brille particulièrement lors du mois saint de Ramadan qui est une période de haute spiritualité et de générosité. C’est souvent un moment propice à la méditation et à l’introspection. Le centre offre des espaces dédiés à la méditation et à la contemplation, où les fidèles musulmans se retirent pour se recueillir en silence et approfondir leur connexion spirituelle. En dehors de la grande mosquée, le centre a un lieu de prière pour les femmes et un autre espace de prière est aménagé pour les internes musulmans. Le ramadan est considéré comme le mois où le coran a été révélé, et donc la lecture et l’étude du coran occupent une place centrale dans les activités spirituelles du centre. Des séances de lecture collective du coran sont souvent organisées, où les fidèles se réunissent pour réciter et écouter les versets sacrés.
La charité est un pilier essentiel du ramadan. Pendant le ramadan les responsables de DIRECT Aid envoient des dons les mosquées de la ville de Parakou. Leurs portes sont ouvertes à tous, sans exception, qu’ils soient membres de la communauté ou visiteurs de passage, chacun est accueilli chaleureusement pour partager le repas de la rupture du jeûne.
Considérant que la fête de Tabaski est une occasion grandiose pour la manifestation de joies entre les musulmans et les non musulmans, l’agence distribue de la viande aux familles déshéritées.
Aujourd’hui le centre Al Houda compte des centaines d’orphelins qui sont logés, nourris, habillés, soignés et enseignés gratuitement.
Le centre socio éducatif Al Houda incarne véritablement les valeurs de solidarité et d’entraide, en laissant une empreinte indélébile dans le cœur de ses bénéficiaires.
Chaque histoire de réussite, chaque rêve réalisé est une pierre angulaire de l’édifice de l’espoir que le centre Al Houda érige. Son engagement inébranlable à donner à chaque enfant une chance équitable dans la vie, à briser les barrières de l’ignorance et de la pauvreté est une source d’inspiration pour tous. Le centre socio-éducatif brille tel un phare dans la nuit guidant les enfants orphelins vers un avenir prometteur. Son héritage de compassion et d’excellence continue de s’épanouir, façonnant les destinées et tissant les liens indestructibles d’une communauté unie dans la quête du bien-être de tous.