
Cornélia Glèlè est née le 14 juillet 1997 à Cotonou. La petite Cornélia venait de terminer un trimestre en classe de CI à Cotonou quand sa maman fut affectée à Parakou. Là, elle a fréquenté l’école primaire La Belle Rencontre avant de décrocher son CEPE au CM1 à l’école Primaire Ebénézer de Wansirou. Cornélia habitait à Gbira, non loin de la Clinique Privée Zinflou. Elle a effectué tout son secondaire au CEG Zongo de Parakou, où elle a obtenu son BAC.
Après l’obtention de son baccalauréat, et malgré son jeune âge, Cornélia savait qu’elle se trouvait à un carrefour important de sa vie, réfléchissant à ce qu’elle ferait à l’université. Environ un mois après la proclamation des résultats, elle a vu à la télévision une publicité de l’ISMA (Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel). La jeune fille, qui n’avait pas encore 17 ans, passionnée par la communication et le journalisme, a été captivée par la présentation. La description des cours, le programme des stages et les perspectives de carrière correspondaient à ses aspirations. L’idée de rejoindre une institution dédiée à l’art de l’investigation et de la communication l’a enthousiasmée. Elle savait que c’était l’endroit idéal pour développer ses compétences et transformer sa passion en carrière. Cornélia a parlé à sa mère de son désir de rejoindre Cotonou pour intégrer l’ISMA. Cornélia et sa maman partagent une complicité rare et précieuse. Cette relation de confiance et de compréhension mutuelle les lie profondément. Ainsi, lorsque la jeune bachelière a exprimé son intention de poursuivre ses études à l’ISMA, sa mère n’a pas hésité un instant à soutenir sa décision. Elle connaissait bien la passion de sa fille pour le journalisme et était déterminée à l’aider à réaliser ses rêves.

Cornélia s’est inscrite en 2014 en journalisme à l’ISMA à Cotonou. En dehors des cours sur le journalisme, Cornélia et ses camarades recevaient également des cours de réalisation, de caméra, de son et de montage. L’université leur a aussi permis d’aller à des festivals comme le FESPACO, où les étudiants ont pu côtoyer les acteurs du cinéma africain. Cornélia s’était sentie dans son élément. Mais en attendant, elle suivait avec excellence ses cours à l’université. En effet, à l’ISMA, elle a constamment brillé en tant que major de sa promotion tout au long des trois années qu’elle y a passées. À l’ISMA, à partir de la deuxième année, les étudiants doivent produire un film pour valider l’année. En 2016, Cornélia a sorti son premier documentaire, « Les tam-tams du silence », qui présente les tam-tams mythiques géants joués à l’occasion des décès dans la région d’Agonlin au centre du Bénin. En 2017, Cornélia Glèlè a sorti « Blanc-Noir et Heureux », un documentaire sur les albinos qui a remporté le prix du meilleur documentaire de l’ISMA 2017 et le Stylo d’or du documentaire au First Short Yaoundé au Cameroun en 2018. Le film a été sélectionné au festival Lagunimages au Bénin. Grâce à « Blanc-Noir et Heureux », elle a participé à plusieurs festivals dans le monde, tels qu’Africlap à Toulouse en France, le Zanzibar International Film Festival en Tanzanie, et Mis me Binga au Cameroun. Le film a également été présenté à l’ouverture de la soirée consacrée au cinéma béninois au Global Festival de New York en 2018. Après avoir obtenu un Master 1 en Réalisation TV à l’ISMA et après avoir exercé en tant que journaliste à Radio Frissons, Cornélia a choisi de se consacrer au cinéma. À l’ISMA, chaque étudiant doit avoir un blog. Cornélia avait donc un blog sur Blogging. Quand elle a compris qu’elle interviendrait dans le domaine du 7ème art, elle a décidé de créer un blog pour parler spécialement du cinéma. Dans la même période, elle a participé au concours Benin Blog Awards. Monsieur Guébo Israël était venu de la Côte d’Ivoire pour les former dans le cadre de ce concours. Cornélia a parlé de son blog au formateur. Monsieur Guébo Israël lui a donné des idées pour améliorer son blog. Ensemble, ils ont choisi le nom Ecranbénin. Le formateur lui a montré comment créer un blog sur WordPress. C’est lui qui l’a conseillée de quitter Blogging pour WordPress, qui est plus adapté pour ce qu’elle voulait faire. Sur Ecranbénin, elle exprime sa passion pour le cinéma. Elle publie des actualités sur les films et les festivals. On y retrouve aussi les biographies de cinéastes, des critiques, et elle y éduque sur les métiers du cinéma. Avec son blog Ecranbénin, elle a remporté le prix de la meilleure critique de cinéma lors du Durban International Film Festival (DIFF) en Afrique du Sud en 2018. Le soir de la remise des prix, quand la maîtresse de cérémonie a annoncé sa catégorie, la productrice assise à côté de Cornélia lui a confié qu’elle la voyait remporter le prix. Cornélia a juste eu le temps de lui dire quelques mots en anglais quand son nom a été annoncé. Elle venait de remporter l’Award. Elle, qui manquait cruellement de confiance en elle à son arrivée à Durban à cause de son anglais, a rencontré Macky Kidy Aicha qui l’a rassurée et beaucoup motivée. Durant ces quelques jours, Cornélia a travaillé en anglais et en français avec sa merveilleuse mentor Katarina Hedren et Claire Diao. Elles lui ont appris à écrire des critiques de cinéma afin de rendre Ecranbénin plus performant. Même si Ecranbénin est apprécié et reçoit beaucoup d’éloges, Cornélia n’oublie pas que lors de la formation avec Monsieur Guébo Israël, il lui avait conseillé d’aller au-delà du blog et de penser aussi à des activités physiques si elle voulait exister dans le temps. Alors, un matin, elle s’est levée avec l’idée d’organiser un festival. Cornélia a senti l’urgence de partager ce projet avec Moumine Wologan, son fidèle complice depuis toujours. Après avoir entendu Cornélia, Moumine a pris un moment pour mesurer les implications pratiques d’une telle initiative en termes de logistique, de finances, de ressources humaines et de planification. Malgré ses doutes initiaux et sa perception du défi comme étant trop grand pour eux, Moumine a donné son accord à Cornélia pour l’accompagner une fois encore dans cette noble et grande ambition, conscient que cette entreprise exigerait un engagement total. Cornélia a aussi parlé de son projet de festival à ses amies Karell Attolou, Irmine Ayihounton et Marina Hounnou. Ensemble, elles sont allées voir Christiane Chabi Kao, un grand nom du cinéma africain. Christiane Chabi Kao est une réalisatrice-scénariste Béninoise. En 2003, elle co-réalise son premier documentaire, Les Enfants Esclaves, avec Françoise Hellequin et, deux ans après, elle entame l’écriture de son premier long métrage, Les Inséparables, qu’elle co-réalise avec Pierre Linhart. Ce film est sélectionné dans des dizaines de festivals à travers le monde et reçoit, en 2008, le prix Africa numérique du Festival VUES D’Afrique de Montréal ; puis, en 2009, le prix spécial des droits humains au FESPACO. En 2012, Christiane Chabi Kao se lance dans l’écriture d’une série télévisée de 20 x 26 minutes intitulée Les Chenapans qu’elle réalise en 2015. La série est retenue en sélection officielle au FESPACO 2017. Christiane Chabi Kao est la présidente de l’association Lagunimages qui organise la Biennale du Festival de cinéma Lagunimages à Cotonou. Elle a aussi été lauréate du Prix « Femme de feu » dans la catégorie Art. La réalisatrice-scénariste béninoise a été honorée aux Journées Cinématographiques de la Femme Africaine à Ouagadougou pour la qualité de son travail. Elle a été membre du jury au FESPACO, au FIMEC et aux Cine229 Awards. Le 2e FIFF Cotonou en 2022 l’a honorée avec un prix spécial. Après avoir écouté attentivement ses trois jeunes consœurs exposer leur idée de festival, Christiane Chabi Kao prit le temps de leur parler avec sagesse, partageant son expérience et offrant des conseils précieux. Quand l’idée était venue à Cornélia d’organiser un festival, elle ne savait pas comment s’y prendre. Mais Christiane Chabi Kao, par sa connaissance du domaine, a permis de l’éclairer non seulement sur les aspects logistiques et organisationnels, mais elle l’a également aidée à donner forme à ses idées et à les transformer en plans concrets. Cornélia, consciente des défis et des exigences de l’organisation d’un festival, décida de se donner toutes les chances de réussite. Elle entreprit un voyage au Rwanda pour suivre une formation sur l’organisation des festivals avec une fondation sud-africaine appelée Ladima Foundation. La formation qu’elle suivit était intensive et complète, couvrant tous les aspects de la planification et de la gestion d’événements culturels, lui offrant un aperçu précieux des meilleures pratiques et des stratégies gagnantes. De retour au Bénin, Cornélia était désormais armée de nouvelles compétences et d’une confiance renforcée. Elle est désormais prête à relever le défi de l’organisation de son festival avec aplomb. La jeune cinéaste est une féministe. Elle veut un festival dédié aux femmes pour montrer leur travail dans le domaine du cinéma, puisqu’elles sont souvent sous-représentées lors des festivals de films ordinaires. C’est ainsi qu’est né le Festival International des Films de Femmes de Cotonou (FIFF COTONOU). Le FIFF a aussi pour ambition de faire découvrir le Bénin. Les festivals étant d’excellentes occasions pour faire venir des gens au pays. La fondation sud-africaine Ladima Foundation est venue voir les salles où doit se tenir le festival afin de confirmer si elles sont conformes à l’organisation d’un tel événement. La première édition du FIFF eut lieu à Cotonou en 2019 et avait pour marraine officielle l’Ivoirienne Akissi Delta. Christiane Chabi Kao en était la présidente du jury. Le premier FIFF Cotonou fut un succès retentissant car il a permis de mettre en lumière le travail des femmes cinéastes. Le FIFF 2019 avait pour thème « Quand le cinéma aborde la violence faite aux femmes ». Il a porté un regard sur la façon dont la thématique des violences faites aux femmes est abordée dans les œuvres cinématographiques en général et celles féminines en particulier. Il était important pour Cornélia Glèlè que le cinéma, vecteur d’information et d’éducation, aborde ce sujet pour sensibiliser le public et dénoncer les actes de violence que subissent quotidiennement les femmes. Cornélia Glèlè est une militante des droits des femmes. Elle est la responsable du département « Participation des femmes aux instances de prise de décision » du Réseau Ouest Africain des Jeunes Femmes Leaders. En 2018, elle organisait déjà avec l’association Ecranbénin, dans le cadre de la Journée Internationale des Droits des Femmes, une formation en cinéma au profit de 10 jeunes femmes sanctionnée par une attestation. Les formatrices étaient les excellentes Carole Lokossou et Kismath Baguiri. Son blog Ecranbénin lui a permis d’élargir son réseau et d’apprendre lors de ses différents voyages. Ce fut le cas en décembre 2021 lorsqu’elle se rendit à Djeddah en Arabie Saoudite pour le festival Red Sea où elle avait eu à interviewer de grands cinéastes africains. Le festival Red Sea, qui était à sa première édition, se classait déjà parmi les plus importants du Moyen-Orient. Le programme était très riche avec des films venus du monde entier. Il y avait des invités de marque comme l’actrice Catherine Deneuve et l’acteur français Vincent Cassel. Les festivals sont bien connus pour être des moments où il est possible de partager un pot tranquillement avec une personne importante, une personne qui peut changer votre carrière, une personne qui en temps normal ne répondrait jamais à vos demandes d’audience. Comme ce jour à Ouagadougou, lors d’un FESPACO, où avec Matamba et d’autres, elles mangeaient un bout avant d’aller voir les films, quand une femme s’était approchée d’elles et avait demandé si elle pouvait s’asseoir avec elles. La femme s’était présentée. Il s’agissait d’Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances en France. Ensemble, elles ont discuté du cinéma africain. Après le succès de la première édition du FIFF Cotonou en 2019, Cornélia et son équipe, dans le but de mieux faire pour la prochaine édition prévue en septembre 2021, avaient décidé de commencer les démarches très tôt. C’est ainsi que certains partenaires ont reçu les demandes de sponsoring deux ans avant les dates du festival. L’équipe du FIFF a travaillé sans relâche et chaque mois qui passait intensifiait la pression. Le mois d’août 2021 a été particulièrement pénible pour Cornélia. Elle devait gérer ses contrats professionnels, son examen d’anglais pour son master et on était à deux semaines du FIFF 2021. C’était dur pour ses petites épaules. Elle tenait parfois à coups de médicaments. Pour le festival, tout était prêt :les billets d’avion, l’hôtel, la restauration, les salles, les invitations étaient prêts. Et un soir, quelques jours avant le début de l’événement, elle reçoit une note du gouvernement interdisant les manifestations culturelles à cause du COVID-19. Sur le coup, elle n’avait pas réalisé ; alors elle s’est assise dans les escaliers pour bien relire le courrier afin de mieux comprendre. Un virus et quelques lignes venaient de remettre en question deux ans de travail acharné. Elle a essayé de décrocher fébrilement quelques appels avant d’aller se coucher, complètement abattue. En dehors de l’impact de cette décision gouvernementale sur le plan organisationnel, son poids financier était tout aussi accablant. Chaque annulation de billet d’avion, chaque annulation d’hôtel représentait un coût supplémentaire qui n’avait pas été pris en compte dans le budget initial. Les dépenses imprévues menaçaient de faire basculer l’équilibre financier déjà fragile de l’événement. Même si lors des formations, elle avait appris à naviguer dans les dédales de la logistique et à anticiper les imprévus, cette note du gouvernement interdisant tout rassemblement culturel fut un véritable coup de massue pour elle. Elle devait rassurer chaque partenaire et chaque invité alors qu’elle-même n’était pas au mieux de sa forme.

Mais malgré ces difficultés, Cornélia refusait de se laisser abattre. Elle savait que chaque défi était une occasion de faire preuve de résilience et de créativité. Animée par une détermination inébranlable, elle puisa au plus profond d’elle-même pour surmonter les obstacles. L’équipe du FIFF s’est remise au travail et de nouvelles dates ont été choisies.
La 2ème édition du Festival International des Films de Femmes de Cotonou, qui a vu la présence de la vice-présidente du Bénin Mariam Chabi Talata, eut lieu finalement en février 2022. Pour cette 2ème édition, le festival s’était intéressé au regard du cinéma africain sur le pouvoir économique de la femme rurale. Actrices de premier plan dans le domaine de l’agriculture, les femmes constituent dans beaucoup de pays la majorité des agriculteurs et des ouvriers agricoles. Elles produisent l’essentiel de la nourriture consommée au niveau local et sont chargées d’assurer la sécurité alimentaire de la famille dans nombre de zones rurales. Le FIFF 2021 tenu en 2022 a mis la lumière sur les femmes rurales dans leurs diversités en allant au-delà des stéréotypes et en proposant une alternative plus juste qui valorise ces femmes et rend hommage à leur travail. Cornélia semble être alimentée par une énergie qui la propulse sans relâche vers de nouveaux horizons. À peine avait-elle fini avec la deuxième édition du FIFF, qu’elle s’est déjà retrouvée au Sénégal pour sa participation au Festival Film Femmes Afrique comme présidente du jury long métrage. Toujours en 2022, en compagnie de l’incontournable Carole Lokossou, Cornélia Glèlè a été consultante pour le film « The Woman King » de Gina Prince-Bythewood. Elles ont été appelées pour apporter leur expertise sur le film. Pour Cornélia Aboucha Glèlè, cette implication revêtait une importance capitale qui transcendait les simples responsabilités professionnelles. En effet, Cornélia Aboucha Glèlè est l’arrière-petite-fille du roi Glèlè, une lignée dont les racines plongent profondément dans l’histoire du royaume du Dahomey. Son arrière-grand-père du nom d’Aboucha est le dernier fils du roi Glèlè. Elle avait grandi avec les contes des Amazones, ces redoutables guerrières qui avaient marqué l’histoire de son peuple. C’était l’occasion pour elle de rendre hommage à ses racines, de faire revivre l’esprit des Amazones à travers le prisme puissant du cinéma. Cornélia incarne parfaitement l’adage selon lequel le travail parle pour lui-même. Son dévouement et son professionnalisme ne passent pas inaperçus. C’est ainsi qu’un matin de février 2023, elle reçoit sur son LinkedIn le message d’une fonctionnaire de l’ONU l’invitant à venir représenter le Bénin au Qatar au forum LDC5, sommet des Pays les Moins Avancés. Lorsque Cornélia découvrit le message, elle fut prise d’une méfiance instinctive. L’idée même qu’une organisation aussi prestigieuse puisse la contacter semblait trop belle pour être vraie. Avec un mélange d’amusement et de suspicion, elle décida néanmoins de répondre au message. Sa réponse était teintée d’un scepticisme moqueur, presque certaine qu’il s’agissait d’une arnaque. Cependant, à sa grande surprise, la directrice du FIFF se rendit compte que c’était une invitation authentique. C’est ainsi qu’elle se retrouva à Doha à côté des chefs d’État et d’éminentes personnalités du monde, non pas en tant que simple spectatrice, mais en tant qu’actrice de premier plan. Lors de ce sommet, Cornélia et d’autres jeunes ont eu un entretien avec Son Excellence Mme Jutta Urpilainen, Commissaire européenne chargée des Partenariats Internationaux, autour d’un petit-déjeuner. Mme Jutta Urpilainen a promis de porter en haut lieu leurs doléances et préoccupations. Le 6 octobre, la cinéaste béninoise était à Paris pour le Forum Création Africa. C’est un forum qui regroupe les acteurs issus de filières en plein développement : séries TV, cinéma d’animation, univers immersifs, réalités étendues, jeu vidéo, bandes dessinées. Ce forum lui avait permis de rencontrer des investisseurs et de futurs partenaires. Quelques semaines avant le Forum Création Africa, elle était déjà en France pour participer au festival de Cannes, l’un des plus grands festivals de film au monde. Sur la croisette, elle avait noué de solides contacts. Cornélia n’hésite pas à s’investir pour la cause des autres. Comme en février 2023, où elle avait lancé un appel sur sa page Facebook afin de trouver les frais de transport pour les représentants béninois qui avaient des films sélectionnés pour le FESPACO 2023. Le festival ne prend pas en compte les frais de transport des festivaliers. Cornélia a un don exceptionnel pour rallier les gens à sa cause. Initialement, elle cherchait à obtenir des contributions pour payer les frais de transport en bus des festivaliers. Cependant, grâce à son charisme et à sa capacité à mobiliser les soutiens, elle a réussi à dépasser largement ses objectifs. En effet, au lieu de simplement financer des billets de bus, elle a pu rassembler suffisamment de fonds pour payer des billets d’avion pour tous les représentants béninois. Ce geste a non seulement facilité leur participation, mais a également démontré l’importance de la solidarité et de l’entraide au sein de la communauté cinématographique béninoise. Il y a quelques mois, nous avons eu droit au FIFF Cotonou 2024, du 20 au 24 février 2024. L’édition de cette année a été placée sous le thème : « Le cinéma féminin pour plus de sororité ». Angéla Aquereburu, cinéaste togolaise et membre de l’International Academy of Television Arts and Sciences, l’institution américaine qui décerne chaque année les Emmy Awards, en était la marraine. À travers cette 3e édition, le FIFF Cotonou a donné vie à une narration cinématographique où les femmes se lèvent, prennent la parole, travaillent ensemble et redéfinissent les normes établies. Il faut noter que dans une dynamique d’innovation, cette 3e édition a introduit fièrement le Kino Wendia. En effet, Cornélia ne se contente pas de son propre succès. Elle a voulu créer des opportunités pour d’autres femmes passionnées par le cinéma. Le Kino Wendia est un mouvement cinématographique international, consistant à réaliser des films sans budget dans un esprit d’entraide, de liberté et de bienveillance. Sur 100 candidates en 2023, dix filles ont été retenues et ont suivi une formation en juillet 2023. À la fin, elles ont écrit un magnifique scénario et le tournage du film a été réalisé à Parakou en septembre 2023. Ensemble, les participantes ont donné vie à un film conçu autour d’un scénario lié aux défis auxquels les femmes sont confrontées. La directrice du FIFF Cotonou n’était pas seule sur ce projet. Il y avait Linguere Fifi qui lui a donné les premières armes. Lucrèce Jovania d’Almeida et Mariette Montcho étaient les formatrices. Christiane Chabi Kao, Rachelle Zinzou, Moumine Wologan, Marina Hounnou, Fleury Ayihounton, Karell Attolou, Rouhimath Bouanra, Axel-Jeff Capo-Chichi, Joel Chabi Kao, Jonathan Lett ont également travaillé pour l’aboutissement de ce projet. Le chef-d’œuvre de Kino Wendia a été dévoilé lors de la cérémonie d’ouverture du FIFF Cotonou 2024, symbolisant l’émergence de nouvelles voix cinématographiques et la puissance de l’expression féminine.

Cornélia vit depuis un moment une autre aventure formidable chaque année avec le Creative Africa Nexus (CANEX WKND). C’est une activité qui a lieu tous les ans dans le cadre de l’Intra-African Trade Fair (IATF), la plus grande foire de business organisée par African Export Import Bank (Afreximbank) en collaboration avec l’Union Africaine. En 2021, elle était à Durban en Afrique du Sud pour le CANEX WKND en tant que panéliste. En novembre 2022, Cornélia Aboucha Glèlè était au Sofitel Hôtel à Abidjan pour le CANEX WKND, cet événement qui met en lumière l’industrie créative africaine et sa diaspora. Elle était dans l’équipe du CANEX. À cette rencontre, il y avait certains des plus grands noms de la création ainsi que des experts, des marques et des leaders d’opinion d’Afrique et de la diaspora. On pourrait citer entre autres Bruce Onobrakpeya du Nigéria, Didier Drogba, Alex Okosi, Directeur Régional des marchés émergents, zone EMEA à YouTube (Nigéria), Elvis Adidiema, Directeur Sony Music pour l’Afrique francophone (Congo), Abdul-Karim Abdullah, Fondateur et Directeur Général de Culture Management Group (CMG), Afrochella Festival (Ghana), Magali Ohouens, Spécialiste des Arts Modernes et Coordinatrice d’Exposition à la galerie Cécile Fakhoury, Chimamanda Ngozi Adichie, auteure (Nigéria). Afreximbank, la banque africaine d’import-export, travaille à la création d’un fonds de 1 milliard USD pour financer l’industrie cinématographique sur le continent africain, a annoncé Kanayo Awani, la vice-présidente de l’institution, lors du CANEX 2023 qui s’était tenu au Caire, en Égypte. Aujourd’hui, Cornélia travaille pour le STEPS, une organisation sud-africaine spécialisée dans la production de films documentaires. Elle a un patron professionnel et extrêmement compréhensif et des collègues bienveillants comme Tinso Mungwe et Theresa Hill. Pour Cornélia Glèlè, le cinéma a un fort potentiel au Bénin parce que l’histoire du Bénin est riche et a besoin d’être racontée et mise en lumière à travers des films. Il suffit de constater le récent succès de Mati Diop, un film documentaire franco-sénégalo-béninois récompensé de l’Ours d’or à la Berlinale 2024. Les talents se multiplient même si des efforts sont encore à fournir pour faire rayonner le cinéma local. Cornélia fait uniquement du documentaire. Elle écrit le film, fait les différents repérages, constitue une équipe de tournage et ensemble, ils vont sur le terrain. Ils filment et font la post-production (montage, étalonnage, mixage…). Grâce à son travail dans l’industrie cinématographique, Cornélia est devenue une globe-trotteuse invétérée. Son métier la conduit aux quatre coins du monde, son art servant de pont entre les cultures et les peuples. Chaque voyage est une aventure, chaque nouvelle destination lui offre des inspirations uniques pour son travail et enrichit sa perspective sur le monde et son métier. À travers son parcours, Cornélia transmet un message puissant : chaque femme a le pouvoir de façonner son propre destin, et rien ne peut entraver la détermination de la femme à réussir dans un monde où les opportunités sont infinies pour ceux qui osent rêver grand et travailler dur. L’influence de Cornélia en Afrique est indéniable aujourd’hui. Ce n’est pas pour rien que le célèbre magazine Forbes l’a classée en 2023 parmi les 30 talents africains de moins de 30 ans. S’il y a une personne qui connaît bien Cornélia, c’est Moumine Wologan, membre influent de l’équipe du FIFF Cotonou. Voici ce qu’il disait d’elle en juillet 2023 : « Il est essentiel d’avoir une personne comme Cornélia Glèlè dans votre vie ! Elle est une véritable source d’inspiration, et voici trois raisons pour lesquelles il est absolument nécessaire d’avoir quelqu’un comme elle dans votre vie. Cette jeune femme m’a entraîné dans l’une des aventures professionnelles les plus enrichissantes de ma vie, même si à l’époque, je devais être son guide. Alors que j’étais son professeur, elle a eu une merveilleuse initiative en transformant l’un des enseignements que je lui ai donnés en un véritable projet professionnel, une révolution à l’époque. Cela a marqué le début d’une série de défis pour elle et pour moi : Ecranbenin (le blog puis l’association), le FIFF Cotonou, et bien d’autres projets dont je ne parlerai pas ici. Cornélia est VRAIE, il faut le dire, même un peu trop parfois. Elle devrait inspirer de nombreuses jeunes femmes à faire preuve d’authenticité dans tout ce qu’elles entreprennent et à assumer leurs positions. Parfois, cette véracité dans les faits et dans les convictions peut jouer des tours lors de la prise de décisions, mais cela nous pousse à approfondir nos actions et à faire des choix que nous sommes capables d’assumer. Tu incarnes quotidiennement la fierté ! Chaque fois que je lis un article sur ton parcours exemplaire, un témoignage ou encore un des nombreux articles te concernant, je ressens cette fierté qui anime tout grand frère, ainsi qu’un sentiment de fierté professionnelle. J’ai simplement envie de crier : « C’est ma petite sœur ! Nous avons traversé des moments difficiles ensemble », et de crier à qui veut l’entendre : cette dame-là, elle m’appelle toujours affectueusement « Mon monsieur Moumine ». Je t’adore, ma sœur. Que ce 14 juillet soit encore plus magique que tous les autres. Comme tu aimes les défis, sache que tu as maintenant 4 ans avant d’atteindre la trentaine. Ces quatre belles années ne doivent en aucun cas te laisser être affectée par les coups bas et les adversités gratuites. Tu dois simplement travailler à renforcer ta résilience et continuer d’avancer, encore et encore. » Au-delà de la personne de Cornélia, nous tenions à exprimer notre profonde gratitude à l’ensemble des acteurs de l’art, et particulièrement du cinéma, pour leur dévouement inlassable au travail. Leur passion, leur créativité et leur engagement enrichissent nos vies. Leur contribution à l’art et à la culture mérite d’être saluée et célébrée, car c’est grâce à eux que nous sommes transportés dans des mondes imaginaires, émus par des histoires captivantes et inspirés par leur talent indéniable. Cornélia, qui a fait toute sa scolarité à Parakou, ne manque jamais une occasion de revenir voir sa maman qui est restée dans la cité des Kobourous. Malgré ses nombreux voyages et ses succès, elle reste profondément attachée à sa mère. Pour Cornélia, la cinéaste, le scénario le plus réussi de sa vie est sans aucun doute la relation extraordinaire qu’elle entretient avec sa maman, l’héroïne de son film. Cette connexion spéciale est son plus grand trésor, bien plus précieux que toutes les récompenses et distinctions qu’elle pourrait recevoir pour ses films. Chaque visite à Parakou est une célébration de cet amour inconditionnel, un rappel que, peu importe où ses aventures la mènent, sa maman reste son ancre et sa source d’inspiration la plus pure. Cornélia Aboucha Glèlè est non seulement un modèle de réussite professionnelle, mais la directrice du Festival International des Films de Femmes de Cotonou est aussi une femme de valeurs. Elle fait la fierté du Bénin aux quatre coins du monde.